June Keser est illustratrice. Elle a fondé Hum with Me, un mini studio de design, en 2009 à Berlin. Elle a commencé par vendre des cartes postales aux boutiques locales à Berlin en fin d’été 2010. Aujourd’hui elle s’est diversifiée et ses produits sont vendus dans 60 commerces à Berlin et dans d’autres villes.
Le studio offre également ses services de design et illustration.
Tu as fait des études de droits avant de devenir illustratrice
J’ai une licence de droit mais aussi un MBA donc j’ai étudié le business et le management.
Avant d’entrer dans le secteur créatif, j’ai travaillé aux affaires étrangères, ensuite après mon MBA je suis passée dans le privé et j’ai travaillé dans les services financiers pour le secteur automobile (Daimler Financial Services).
Toutes ces expériences ont façonnés ma vision du monde en général.
Pourquoi changer radicalement de carrière ?
La sensation de se réveiller un jour malheureuse en pensant que ce travail n’était absolument pas ma voie. Être créative me manquait, créer quelque chose de mes mains. L’imaginer puis le réaliser.
Comment s’est fait le changement ?
Ça a été tout un process. Ça n’est pas arrivé du jour au lendemain mais après de longues et dures réflexions.
J’ai d’abord décidé de retourner à l’université. Pour voir comment passer du public au privé pourrait faire une différence. Après quelques années de ce nouveau chemin, j’ai dû réaliser que ça n’était toujours pas ça.
Que reste-t-il de tes études de droit aujourd’hui ?
Des études de droit il ne reste pas grand chose directement. Par contre beaucoup de mon expérience business.
Comment définis-tu ton univers ?
L’univers de Hum with Me est simple et enfantin mais avec un fond.
En regardant le travail de Hum with Me, on peut y voir un peu de moi.
Hum est minimaliste dans les lignes et dans la composition, doux, de couleurs sobres, mais il y a toujours la trace de messages dans chacun d’entre eux.
Comment l’illustration participe à la communication d’une entreprise ?
Je pense que l’illustration aide à simplifier un contexte complexe.
Dans le cas d’un texte seul, manquant d’emphases, de focus et potentiellement ennuyeux, l’illustration aide à en accentuer l’essentiel et attirer l’attention sur ce qu’il essaye de transmettre.
Tout dépend du but de la communication. J’aime communiquer au travers de l’illustration car je suis visuelle mais pour moi c’est juste un moyen parmi une centaine d’autres ; la différence c’est que l’illustration communique par la visualisation tandis que les autres pas forcément.
Je crois que l’illustration est optimale quand combinée à d’autres médias pour en tirer le meilleur.
L’illustration peut très bien seconder ou compléter d’autres médias et pour faire simple peut être utilisée sur n’importe lequel et tous les supports possibles.
En illustration, qu’est-ce qui est important pour les clients ? Et pour toi ?
Il est important que tout le monde soit content ; le client a ce pour quoi il a signé et l’illustratrice livre un travail satisfaisant.
Qui sont tes interlocuteurs côté marque ?
Ça dépend du type d’entreprise et de sa taille.
Par exemple une gosse entreprise comme NUK peut envoyer un marketer ou un manager pour le brief.
Quand c’est un magazine c’est généralement un directeur créatif qui s’en occupe.
Pour une petite entreprise c’est souvent le gérant lui-même.
Est-ce que tous les aspects d’un travail créatifs doivent être expliqués et démontrés au client ?
Oui ! Sans hésitation !
Comment prendre un brief pour que tout le monde soit satisfait ?
L’honnêteté est la meilleure politique. Parle de tout ouvertement et ne laisse aucune place à l’incompréhension ou la divergence avant de démarrer le travail. Ça ne peut pas rater.
Le client doit couvrir le périmètre dans toutes ses dimensions : raison d’être du travail, orientation, détails tels que les couleurs de la marque, planning et toute information qu’il pourra donner.
Comment développes-tu ton activité ?
Quel marketing pour ton travail ?
J’essaye tout ce qui est possible : marketing mix, 4P, 4C, bouche à oreille…
Aujourd’hui je le fais intuitivement, j’utilise au mieux les médias sociaux tels que Facebook, Instagram et Twitter pour présenter mon travail.
J’adapte mes envies pour satisfaire les besoins de chaque marché et j’optimise le site web pour les moteurs de recherche (SEO).
Au delà, je garde un contact direct avec les clients et je leur rend visite régulièrement pour prendre leurs retours et les intégrer à mes prochains designs.
Internet est aussi d’une grande aide : de nombreux clients ont trouvé Hum with Me via ce canal et je ne pourrais pas être plus reconnaissante pour ça.
Pour le reste je laisse les images parler d’elle-même.
Comment vendre de l’illustration ?
Je n’ai jamais essayé de vendre mon travail d’illustration. Encore une fois, le travail parle de lui même : quand le client aime, il achète.
Quelle est ta cible ?
Hum with Me n’offre pas seulement du design mais aussi des produits.
Pour le département Design, ça peut être n’importe qui : de l’entreprise qui veut une illustration sur ses produits à un particulier qui veulent les créations sur leurs faire-part de mariage ou baptême, etc.
Concernant les produits, les clients potentiels seront des boutiques (libraire, design, jouets & articles pour enfants, etc.). Personnellement j’aime travailler avec des petites boutiques indépendantes qui sont plus sélectives sur leur catalogue.
Quelle est la valeur pour le client ?
Je pense que l’illustration peut ajouter une couche de valeur au cœur d’un produit existant et optimiser la vente si c’est fait correctement.
Comment justifier cette valeur auprès du client (et la faire rémunérer correctement) ?
Par chance, jusqu’ici très peu de clients ont eu des soucis de compréhension.
Souvent, les clients qui viennent à moi aiment l’esthétique de mon travail et semblent sur la même longueur d’onde.
Le paiement doit être discuté avant tout. Généralement je reçoit un paiement équitable. Si je devais trouver un tarif injuste, je l’expliquerais et si le client ne se laissait pas convaincre nous ne continuerions pas le projet.
Quels type de projet acceptes-tu ?
Je suis plutôt sélective sur les projets.
Pour l’instant je ne choisi que des travaux que je trouve intéressants et qui ne soit pas excessivement au delà de mes capacités, des entreprises dont j’apprécie l’esthétique et qui ne relèvent pas de principes immoraux sous quelque aspect.
C’est purement pour des raisons égoïstes : je ne veux travailler que sur des choses que j’aime et qui peuvent m’apprendre quelque chose, m’épanouir positivement dans mon environnement de travail, être fière de moi pour regarder vers l’avant et même regarder en arrière et n’avoir rien à regretter.
Quel futur pour Hum with Me ?
J’aimerais sortir une nouvelle collection bientôt et essayer d’être plus active auprès de gros distributeurs comme Amazon etc. Aller dans des salons plus souvent et professionnaliser mon marketing & ventes.
L’objectif business pour moi est de continuer à créer de nouveaux travaux en designs et produits et amener de nouvelles collections et projets. Je ne cherche pas à être gros mais avoir une reconnaissance et une bonne part de marché.
Comment alimentes-tu ta créativité ?
J’essaye d’être aimable avec moi même, physiquement et mentalement. Je nourri mon âme quotidiennement avec toutes les belles choses qui m’entourent (et aussi en étant auprès de belles gens).
Planning
C’est mal mais je travaille tout le temps, à tous les moments possibles. Quand c’est trop ou que je suis bloquée, je laisse tomber et je sors renifler des fleurs.
Voyages / sorties
Tout le temps. Je voyage souvent, mange bien et régale mes yeux.
Ambiance
Important : je m’éloigne souvent de l’énergie négative, les gens plein de de pensées négatives.
J’aime les endroits tranquilles et paisibles, doux, propres avec une musique légère et bien sûr la nourriture ! (pas toujours bon pour la santé du corps mais bon pour la santé de l’âme 🙂 )
Droits d’auteur
Rencontres-tu des problèmes d’usurpation, de copie ?
De ce que j’en sais très peu ! (ça veut dire que je ne suis pas encore célèbre ?!)
Je ne fais rien de spécial pour éviter ça, je pense que chaque création est déjà protégé par les lois sur le copyright, c’est à nous de choisir de poursuivre ou pas le cas échéant. Mais si je dois être positive, à petite échelle, l’imitation est une forme de compliment !
Comment les clients réagissent-ils ?
C’est une longue histoire, je pourrais en faire un livre mais en deux mots, souvent les clients ne veulent pas avoir à faire avec ça.
En général je les informe de la pertinence du prix et du copyright et des droits d’usage.
Quel type de cession tu pratiques ?
En général je fonctionne par période. Ça peut aller de 6 mois à 2 ans. Quand le client veut un droit absolu sur une créa il doit payer le prix complet ; ce n’est souvent pas le cas.
Un conseil pour le marché ?
Faites de petites choses avec beaucoup d’amour !